Korean Knots Workshop

2017

Musée d’Art Moderne, dans le cadre de l’exposition « Medusa – Bijoux et taboux », Paris

Musée de la Marine, Paris

2016

Musée des Arts Asiatiques-Nice, Nice

2015

Ecole d’Arts Jean-Pierre VERNANT, Sèvre

Musée Français de la Carte à jouer, Issy-les-Moulineaux

2014

Ecole d’Arts Jean-Pierre VERNANT, Sèvre

2013

Berges de Seine Container Garden, Paris

2012

Ecole d’Arts Jean-Pierre VERNANT, Sèvre

2011

Centre Cuturel Coréen, Paris

2009

Academy of Design-Arch, Jaipur, India

Mediatheque Jouy le Moutier, Jouy le Moutier

2008

National Institute of Design, Pladi Ahmedabad, India

2007

Fondation Cartier, Paris

2004

Congrès Cutural Center, Brussels, Belgium

1999

Musée des Arts Asiatiques-Nice, Nice

1998

Ecole I.E.S.A., Patrimoin day, Paris

1996

19th Foire de St. Germain, Paris

Depuis plus de quinze ans, Kim Sang Lan enseigne à Paris l’art du Maedup, véntable trésor culturel de la Corée du sud Seul maître dans le domaine en Europe, elle perpétue cette tradition unique qui consiste à créer des passementeries ornementales à base de noeuds Un univers poéLlque et subtil qui demande sérénité et sagesse depuis bientôt vingt siècles.

 

Kim Sang Lan est une artiste textile particulièrement renommée. Ses différentes expositions à travers le monde en démontrent l’authenticité. Tokyo, Bruxelles, Manchester, Séoul, Paris… Son amour du noeud est sacré. Rien n’est plus important que de le faire partager. Ses oeuvres habillent les murs des différents centres culturels de la planète. Et si elle aime les exposer en tant qu’artiste contemporaine, ses créations sont le reflet moderne de la tradition ancestrale du Maedup, l’art du noeud si typique à l’histoire coréenne. ” Le Maedup est une tradition coréenne, héritée de Chine depuis le 1er siècle, un art essentiel encore aujourd’hui de la vie quotidienne. n s’est installé dans l’imaginaire proprement coréen, car il est avant tout une façon de penser, de sentir, une manière d’appréhender le monde et de l’organiser, qui est profondément révélatrice de l’âme de la Corée “, insiste Kim Sang Lan avec fierté. Car en Corée, les rapports humains sont vécus en termes généraux de fils et de noeuds. La “corde d’union ” symbolise la solidarité humaine et la perfection de ses noeuds reflète la solidarité de cette union. La métaphore du noeud est présente à tout instant de la vie. ” Quand un coréen parle des gens qu’il rencontre, ou bien qu’il a quittés, il l’exprime fréquemment sous la forme de liens qu’on a noués ou dénoués, de fils que l’on a joints ou bien qu’on a brisés. ” complète Sang Lan. C’est dire combien le noeud est essen tiel dans toutes démarches relationnelles à l’autre. D’ailleurs dans ses cours parisiens, elle est la première à légitimer la rencontre de ses élèves à travers le noeud, leur union autour de la même passion. Des femmes coréennes côtoient des femmes françaises, cambodgiennes, vietnamiennes ou japonaises. En leur apprenant la rigueur technique appropriée au fil de soie, elle dépeint l’évolution même et la composition de l’esprit coréen: créer et tisser des liens. En citant Lee 0-Young, ancien ministre de la culture, un des meilleurs analystes de l’esprit coréen, elle est particulièrement explicite : “Le Maedup nous rappelle comment la vie elle même n’est qu’un exercice souvent extrêmement délicat entre faire et défaire des relations humaines”. Communier grâce au noeud, voilà une perspective qui l’enchante et qu’elle aime voir se transformer en réalité. Communier avec les autres à travers la création, mais aussi et surtout communier avec soi même. Le travail du Maedup permet d’acquérir sagesse et sérénité grâce à la patience et à l’état de concentration ultime qu’il requiert. A l’instar du bâton de bambou à neuf noeuds des Maîtres taoïstes qui symbolise les neufs portes que l’initié doit franchir avant de pouvoir parvenir à la connaissance, le travail du noeud coréen est selon le bouddhisme une façon de se rapprocher de la perfection la plus haute. Se libérer des contraintes matérielles pour mieux saisir la Vérité reflète l’état de méditation propre au bouddhisme que la création du Maedup peut engendrer et dont l’univers n’est pas sans rappeler à Kim Sang Lan son enfance. L’histoire du Maedup n’est d’ailleurs pas sans lien avec le bouddhisme. Dans les Sonhwa koryo togyong, livres écrits par le chinois Xu Jing au début du 12e siècle au cours d’un voyage en Corée, on peut déceler l’existence de maedups sur des peintures bouddhiques de l’époque Koryo (668-1392). Des noeuds et des franges sont attachés aux anneaux de socle de bouddhas et pendent au bout des attaches du vêtement des Ksitigarbha (bodhisattva). En outre, on voit des maedups avec franges sur la couronne et le collier des bodhisattva. Néanmoins si les maedups étaient utilisés pour l’embellissement d’icônes bouddhiques, ils le furent tout autant sous la dynastie Choson (1392-1910) pour l’ornementation d’instruments de musique ou pour la décoration des intérieurs. Les Coréens avaient en effet rendu cet art totalement indispensable à la vie de tous les jours. La demande en maedup était si importante pendant cette période, que le gouvernement coréen gérait lui même un atelier. Les maedups étaient utilisés notamment pour les accessoires personnels comme les bourses, les sachets à parfum, les éventails ou encore les ceintures. Au Centre Culturel Ccoréen ou dans son atelier à l’ADAC, Sang Lan perpétue cet art esthétique et décoratif avec flamme tout en l’inscrivant plus que jamais dans le monde actuel. Il est à coup sûr un art visuel sobre, de grande beauté. Avec un fil ou deux, Sang Lan crée des noeuds en forme de papillon, en forme de libellule, des franges, des objets de parures, des ceintures et des norigae, pendentifs composés de noeuds, de franges et de bijoux que portent encore aujourd’hui les femmes avec le hanbok, la robe traditionnelle. Elle dévoile avec passion les secrets de son univers poétique. Elle enchante ses élèves et les régale de ses contes historiques propres au Maedup: comme ceux du norigae de trois mille perles symbolisant le grand univers de trois mille mondes du bouddhisme que seule une reine pouvait portait ou encore des maedups d’âme qui permettait à l’âme du mort de monter au paradis selon les croyances d’antan. Passion évidente et sincère pour cette coréenne libre qui s’est accommodée de la France le plus facilement du monde. D’ailleurs quand elle brosse sa vie, elle le fait très simplement, avec ses mots qui en disent long sur son indépendance: “J’ai suivi la rivière en sachant qu’il fallait la suivre et tout naturellement je suis arrivée en France”. Si ses soeurs sont restées au pays dans la banlieue de Séoul ou elle a toujours vécue, elle a décidé quant-à elle de partir.

Emancipation stupéfiante quand on connaît les coutumes coréennes. “En Corée les femmes restent à la maison. Leur destin est tracé à l’avance. Le mien était de quitter la Corée et de suivre les élans de mon coeur: vivre en France dans ce pays que j’ai connu grâce à ses chansons et ses mélodies que j’écoutais à la radio”.

Elle s’y rend pour la première fois en 1982, et depuis ne cesse d’y fixer ses repères, ses marques coréennes, son patrimoine culturel. Pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui aujourd’hui connaissent les vertus du noeud coréen. Entre méditation et art contemporain, ses cours libèrent l’esprit et encouragent la création. Création traditionnelle certes mais aussi création moderne qui risque de faire demain les beaux jours de la mode. En tant qu’artiste, elle aime composer avec son art :

“Le Maedup, symbole de toute une tradition, me permet depuis longtemps de m’ouvrir aux arts les plus actuels du monde d’aujourd’hui”. Il faut dire que depuis plus de vingt ans, cette ancienne professeur d’Université, diplômée d’Arts Plastiques et d’Arts appliqués , s’inspire du noeud pour réaliser de gigantesques installations contemporaines à base de fils métalliques et de filets.

Artiste de son temps, elle s’est toujours enrichit de ses différents voyages et contacts qui lui ont permis, notamment, de rencontrer son mari français, responsable de la Corée et du Pakistan au Musée Guimet. Débordante d’activité, à 48 ans, elle a aujourd’hui une vitrine permanente à La Maison des Ateliers, en plein coeur du Forum des Halles à Paris et s’occupe du Salon Comparaisons de l’an 2000 dans le domaine des arts textiles et de la tapisserie.

Mais si le Maedup est une langue aux possibilités multiples qui s’adapte au “design” le plus contemporain, il témoigne grâce à Sang Lan, d’une culture avant tout féminine et d’une tradition millénaire qui allie infinie patience, sagesse et sérénité.

 

Texte Fabrice Daudet
Photos Frédéric Froument