KIM SANG LAN

February 21 – April 21, 2001
Maison de la culture de Chine, Paris

 

Géomancie

Le Land Art s’inscrit dans la nature, au fil des accidents de terrain. En Corée, dans la géomancie, celle-ci est structurée, selon les quatre directions. A l’aide de draperies suspendues, de stores de gaze transparente, qui créent une perspective, je modèle un espace et un monde où la lumière circule, où l’architecture est fluide, à la fois géométrique, abstrait, et en même temps humain. Le textile est le fruit de l’industrie ou de l’artisanat, mais l’espace recréé par des unités accrochées en hauteur, sur le mode de la répétition, révèle l’ordre sous-jacent à la marche du monde, sa logique et son sens.

A Séoul, dans le « jardin secret » (Piwon), les maisons sont tendues de papier (Hanji), le sol, le mur et le plafond. Quand les portes coulissantes s’écartent, les unes après les autres, s’ouvre une profondeur qui happe le regard et part dans le lointain. A l’aide de stores et de gazes transparentes, pendus de façon verticale, je reprends cet effet, tout en l’élargissant, créant un univers où le public évolue librement, dans un espace que j’ai redéfini de façon naturelle, mais aussi conceptuelle. L’espace est intérieur, il est universel. La matière est douce, la lumière est ouatée, tamisée par la structure du textile.

Intérieur de palais, ou de simple chaumière, dont les dimensions s’accroissent en fonction de la superficie et de l’approche voulue, l’installation joue sur la blancheur de la gaze à la structure très proche de celle du papier coréen ; elle joue sur la transparence diffuse d’une matière très souple et toujours très vivante, qui bouge au gré du vent, sur les jeux d’une lumière qui jamais n’est brutale, qui jamais n’est directe. Elle recrée une Nature à l’ordonnance rythmée, un monde d’harmonie et de paix, où l’homme s’inscrit en toute humilité, quand la ligne de fuite s’échappe à l’infini.

 

Aout, 2001
KIM Sang Lan